Dans un monde en crise, être adulte ou adolescent finalement quelle différence ?
- Par sandrine-bauden
- Le 26/03/2022
La différence autrefois très marquée entre l'adulte et le jeune ne serait-t-elle pas en train de se niveler sur le plan psychologique ?
Voici une question qui commence à faire sens ces derniers temps. S'interroger sur la place qu'est laissée à chacun d'exercer sa propre autorité dans le monde ou comment il revient à chacun de la prendre pour s'individualiser réellement dans le but de devenir cet être libre et pacifique auquel nous aspirons tous est devenu un véritable enjeu par les temps qui courent.
Beaucoup d'adultes éprouvent le sentiment profond de ne pas être dans leur véritable autorité, ce qui n'est pas sans nous évoquer le mal être parfois profond que ressentent les jeunes "en crise" dont on reconnaît les prémices parfois dès l'âge de sept ans et qui s'installe plus souvent vers l'âge de treize ans. Ces adultes ressentent que la société qui les porte les infantilise quelque peu lorsqu'elle leur demande par exemple de se soumettre à la volonté de ses gouvernants et de faire confiance à l'aveugle. Avec l'épidémie de la Covid-19 et la gestion de la crise sanitaire dans beaucoup de pays industrialisés du monde, les adultes citoyens ont pu embrasser la pleine définition de ce qu'est l'autorité dans une forme quelque peu abusive. L'exercice plein de cette dernière sur tout un peuple appliquant des mesures coercitives pour le bien de ce dernier démontre que le statut du citoyen adulte n'est guère plus enviable que celui de l'enfant, lequel doit encore très souvent s'exécuter sans rien avoir à redire. L'adulte ne semble finalement pas être autorisé à disposer de lui-même en tant qu'être décrété pourtant responsable par la société, sa mère patrie. On l'incite à appliquer un florilège de mesures contraignantes pour sa personne, réduisant son champ décisionnel, lesquelles mesures sont parfois discutables pour sa santé au nom du bien communautaire. Il est certain qu'un virus fait rage, mais il semblerait que la propagation de la peur à grande échelle projetée sur tous les écrans, tel un véritable fléau fasse aussi des ravages.
Ces derniers temps, beaucoup commençaient à s'interroger sur le maintien prolongé des mesures contraignant la circulation libre des citoyens dans notre pays. Certains journalistes politiques allaient même jusqu'à observer que nous assistions à des réminiscences du droit divin parmi les représentants du pouvoir en place dans l'ancienne royauté qu'est notre pays. Etienne de La Boétie, écrivain humaniste résumait parfaitement la mécanique du pouvoir pyramidal de l'ancienne monarchie dans Discours de la servitude volontaire, au beau milieu du 16ème siècle alors qu'il est âgé de seulement dix-huit ans. Jeune aristocrate choqué par les guerres de religions en cours et le pouvoir exercé sur un peuple opprimé, il comprend très vite que la tradition de la monarchie s'apparente à de la domination du peuple.
Il est certain qu'au 21ème siècle, les choses ont bien changé. Les citoyens des pays développés comme le nôtre, devenu république démocratique ne subissent plus un pouvoir totalitaire qui les domine. Seulement à y regarder de plus près, on est en droit de s'interroger: Qu'est-ce qui différencie la domination de la servitude volontaire ? Depuis des siècles les peuples se sont émancipés en tous les cas en apparences. La gouvernance semble avoir rendu plus subtile l'assujettissement des populations. Peu importe que le monarque soit bon ou mauvais tant que le système social dans lequel il se trouve aliène les individus et met en cause leur égalité. Des épisodes marqués par d'importantes prises de conscience conduisant à des actes de désobéissance civile, dont le plus célèbre fut la Révolution de 1789 ont jalonné l'histoire. La révolution ? Entend-t-on le son de sa voix qui resonne encore à nos oreilles depuis un passé finalement pas si lointain ? L'annonce de la levée des restrictions sanitaires vient calmer l'échauffement de la foule à qui on reconnaît une certaine fatigue. Pourtant, la respiration sera de courte durée puisque c'est une guerre d'un autre genre qui vient d'éclater entre les grandes puissances mondialistes et que dans les coulisses du parlement européen, on prépare en secret les doses de vaccin pour une probable vaccination rendue obligatoire prochainement.
Aujourd'hui, on sait ce qu'est la fabrique du consentement, expression de l'essayiste américain Walter Lippmann tirée de son livre Public opinion écrit dans les années 1920. Il y explique que l'opinion publique en démocratie doit être consciencieusement contrôlée. Chomsky et Herman avec lesquels il a coécrit ont répertorié cinq filtres au travers desquels s'exerce la propagande des médias de masse, dont par exemple le poids des sources officielles ou encore l'idéologie de la société. Elle serait massivement répandue aujourd'hui par l'ingénierie sociale au profit d'un ordre établit qui servirait des intérêts non rendus publics. Les procédés sont incontestablement plus évolués qu'au 16ème siècle, mais les effets sur les populations sont presque identiques quoi qu'à peine plus subtils que ceux évoqués par La Boétie. Les dirigeants des temps modernes tentent eux aussi de légitimer leur pouvoir basé sur un système idéologique et pyramidal. A l'appui de chiffres pas toujours justes et de récits construits est favorisée la croyance de la nation fragilisée par un contexte social difficile. Autrefois on distribuait au peuple du pain et des farines pour le contenir surtout en période de crise. Aujourd'hui, c'est du divertissement que l'on offre et des primes que l'on reçoit pour le concours à l'effort. Voilà comment l'histoire semble se répéter, comme prise dans des boucles temporelles. Pourquoi nous est-il si difficile de demeurer au centre de notre personne, de nous épargner du brouhaha sociétal ? Pourquoi est-ce si ardu d'écouter notre petite voix intérieure qui nous invite à demeurer nous-même lorsque tout s'effondre autour de nous ? Peut-être tout simplement parce que nous ne l'avons pas appris étant enfant.
La peur de mourir, de manquer de ressources, de perdre des proches ou encore d'être privé de liberté sont autant de cordes sensibles pincées par des protocoles sanitaires de plus en plus lourds, une médiatisation à l'extrême de la pandémie et autres mesures qui font chanter tout un peuple en dysharmonie. Une fausse note qui propulse le tout un chacun dans un chaos dissonant où la perte de sens atteint son paroxysme et où la fracture sociale s'aggrave à ciel ouvert sur le champ de bataille de la dualité .
Rêver d'une isocratie où les hommes seraient égaux en droits dans l'accès, puis l'exercice du pouvoir politique sans abus, serait se bercer d'utopie humaniste, philosophique dans la société actuelle et la question fondamentale ne demeure pas là en premier. C'est une question qui renvoie au statut de l'être qui doit se poser dès à présent. Que signifie être libre aujourd'hui et qui l'est réellement ? L'enfant l'est-il ? L'adulte l'est-il ?
Les êtres qui composent les sociétés, même parmi les plus développées ont semble -t- il acquis un statut quasi unique, surtout depuis ces deux dernières années. A relativement tout âge, ils sont mis au service plus ou moins volontairement pour les besoins de la cause ni vraiment humanitaire, ni réellement humaniste. Adulte ou enfant, on s'aperçoit que le traitement est le même. Personne n'est épargné ni par le virus, ni par les mesures parfois radicales. Pas vraiment de recours possibles pour faire entendre sa voix d'adulte et encore moins sa voix d'enfant pour se protéger ou se soigner selon son propre chef. Les médecins eux-mêmes, comme en témoignent Docteur Louis Fouchė ou encore le professeur Raoult ne sont pas autorisés à soigner aux moyens de traitements pourtant reconnus efficaces leurs patients ayant contracté le virus de la covid-19. Se taire, se soustraire, patienter et renoncer à une liberté toute relative d'accession à du divertissement ou carrément basculer dans l'affrontement et des formes de revendications plus ou moins populaires sont des voies empruntées par les uns et les autres. Le divertissement n'est-il pas d'ordinaire le terrain de jeu laissé aux enfants ? Pourtant habituellement le dernier mot ne revient-il pas à l'adulte ? Qui peut soumettre ce dernier à la pensée unique, arbitraire lui ôtant son mot à dire ?
La majorité des populations acquiescent devant la demande des états " papas " quand d'autres manifestent leur opposition dans un mouvement éloquent. Petits et grands répondent aux injonctions sanitaires par respect du discours en vigueur. Ces injonctions souvent insensées, parfois franchement burlesques ayant des conséquences très dommageables pour la santé, si l'on en juge le récent rapport ANSM, réseau public de pharmacovigilance du 14 au 27 janvier 2022 concernant les trois principales injections vaccinales anti covid proposées en France depuis environ un an et demi où il est fait mention d'environ 55 000 effets indésirables, parmi lesquels embolie pulmonaire, AVC et autre infarctus du myocarde. Visiblement la stratégie du tout vaccinal s'avère discutable quant à son efficacité.
Le Docteur en physique et biologie, anthropologue et psychanalyste Philippe Bobola a récemment rendu publiques ses conclusions sur la gestion de la crise sanitaire en France et ses premières conséquences sur le plan psychologique des populations adultes et enfants. Il évoque comment un peuple peut se retrouver déresponsabilisé de lui-même par une gouvernance au narratif bien construit sans même s'en rendre compte. L'autoritarisme bienveillant peut rendre docile le plus dur des hommes quand la crainte de perdre sa liberté est grande. Ne pas avoir le droit de sortir, d'aller se distraire ou de se retrouver entre amis dans des lieux publics sans autorisation soumise à contreparties voilà ce qui nous rappelle un peu " l'enfant puni ". Certains se soumettent, d'autres se soulèvent. Pourquoi préfère-t-on se conformer sans trop sourciller ? Qui peut avoir le dernier mot et nous contraindre malgré le manque de motivation intrinsèque lié à notre propre discernement sur la situation actuelle ? Là encore, il semble bien qu'il n'y ait pas une grande différence entre la gestion émotionnelle du jeune et celle de l'adulte en général surtout devant une figure dite d'autorité. Etrange similitude comportementale qui nous renverrait volontiers à l'appréhension vécue en sourdine de l'enfant intérieur niché en chacun de nous. La célèbre crise d'adolescence s'étendrait-elle au-delà des âges ?
L'enfant a très longtemps été remisé aux derniers rangs dans tous les systèmes de notre civilisation pour des raisons nécessaires d'évolution. Il a besoin des plus grands que lui plus expérimentés pour l'aider à s'élever et c'est indiscutable. Mais les temps changent et les jeunes aussi. Ce temps éducationnel est parfois bien long pour eux. Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre les adultes déclarer à haute voix combien ils avaient hâte d'atteindre la majorité pour être libérés de leur première instance représentant l'autorité: le duo parental. Ces mêmes adultes reconnaissent également sentir que cet enfant/ado qui les a précédé est toujours présent en eux. Souvent blessé, muselé, il demeure enfoui, comme muré au plus profond d'eux-mêmes. Ainsi, vit toujours au cœur de l'adulte un enfant en vigilance, un enfant en réaction à la peur léguée en héritage. Carl Gustave Jung, psychiatre et père de la psychanalyse écrivait dans un de ses textes fondamentaux, recueil L'âme et la vie: "Il y a dans l'adulte un enfant, un enfant éternel toujours en état de devenir, jamais terminé, qui aurait besoin constamment de soins, d'attention et d'éducation "
Tous les parents qui sont eux-mêmes les enfants de leurs parents savent de quoi il retourne. Il est encore répandu, dans une espèce de consensus tacite que le plus jeune s'exécute selon la voix du plus âgé, du plus gradé, même si le sujet peut ou devrait être remis en question. Tout s'opère selon un ordre hiérarchique établi depuis des générations. Une sorte d'omerta relativement indissoluble vécue depuis des millénaires. " C'est comme ça ! " est l'expression qui illustre ce qui n'est quasiment jamais remis en question et ce malgré les conflits de générations ou tentatives pulsionnelles vaines de s'affranchir de toute ascendance en rediscutant le terme du contrat entre les parties.
Ainsi s'exerce le pouvoir d'un être sur un autre, loin d'une forme d'esclavagisme, d'autorité ultra abusive, quoique que ce dernier demeure aujourd'hui encore. En effet, à divers endroits du globe, l'enfant peut encore être vendu comme esclave par ses parents. Il est aussi régulièrement abusé par son entourage au coin de nos rues. S'agit-il d'autorité ou d'abus de pouvoir ? Quelle différence entre les deux ? Quand un adulte est-il dans son autorité ? Que signifie être dans son autorité ? Qui a le droit d'exercer autorité sur qui ?
Enfant et adulte sont deux termes qui permettent d'identifier deux grandes étapes de l'évolution de l'être dans la société. La principale différence entre les deux mots est donc liée à la démarcation des deux stades ou époques de la vie. Un enfant est un jeune être humain, probablement âgé de moins de dix-huit ans. Un adulte, en revanche, est un être humain plus âgé. Voilà ce que l'on peut trouver comme tentative de distinction entre les deux définitions dans le dictionnaire. Avouons que cela est un peu maigre.
Dans diverses cultures, l'âge adulte est considéré de différentes manières. Biologiquement, une fois qu'un être humain atteint la puberté, cet individu est considéré comme un adulte. Dans certaines tribus, un jeune pubère qui traverse un rite de passage éprouvant est déclaré adulte. Voilà qui donne à réfléchir sur le statut de nos jeunes dans les sociétés occidentales modernes, car malgré leurs tentatives d'individualisation multiples, ils sont comme résignés à traverser bon an mal an, ce que nous appelons encore trop souvent "l'âge bête". Hébétés devant l'autorité, ils doivent comme patienter avant de pouvoir exercer la leur. A chacun son tour. Seulement, exercer l'autorité est bien différent d'être dans son autorité. Ce que ces jeunes de toutes cultures souhaitent, c'est s'affranchir pour devenir leur propre autorité. Là réside la distorsion fondamentale entre ce que veulent les enfants, devenir des individus libres, respectueux et pacifiques et ce que font beaucoup d'adultes, même avec une relative bienveillance, quand ils croient qu'exercer leur autorité c'est avoir le pouvoir sur eux. Celui qui est dans son autorité n'a ni intérêt, ni goût à exercer une quelconque ascendance en terme de pouvoir sur qui que ce soit.
Contrairement à l'enfant, l'adulte est un citoyen à part entière qui a une variété de tâches et de responsabilités dans différentes institutions sociales. Un adulte peut être responsable d'un autre être humain, en l'occurrence un ou plusieurs enfants. Les adultes, contrairement aux enfants, peuvent vivre seuls. Voici ce que nous pouvons également lire sur le net comme éléments de comparaison visant à distinguer les deux étapes de vie. L'adulte, lui n'est plus soumis à l'autorité parentale. Il reste le fils ou la fille de, mais n'est plus "l'enfant" au sens premier du terme. De nos jours, les jeunes quittent souvent le foyer parental progressivement rendant la frontière entre les deux périodes un peu plus floue. L'essentiel pour différentier l'adulte de l'adolescent est l'autonomie de la pensée, diront certains experts en psychologie. Néanmoins, nous devrons nous entendre sur l'origine de la pensée et sur ce que signifie être autonome dans la gestion de cette dernière, surtout lorsque l'on peut mesurer l'impact des médias sur la construction et la promotion de la pensée unique par exemple. Les différences sont bien entendu indéniables si l'on s'en tient à la maturité du corps physique et à la responsabilité de l'adulte en terme de droits et de devoirs civiques pour n'en citer que quelques-unes. Il est évident qu'un enfant de moins de douze ans nécessite un accompagnement éducatif à bien des égards, mais passé ce cap, il devient de plus en plus difficile d'avancer qu'il persiste de grandes différences entre l'adulte et le jeune pubère lorsque nous y regardons de plus près. Françoise Dolto, psychanalyste et pédiatre observait " l'adolescent devient adulte quand les angoisses de ses parents n'engendrent plus chez lui d'effets inhibiteurs, c'est-à-dire lorsqu'il peut agir librement sans se demander tout le temps si cela ne va pas faire de peine à ses parents " Les jeunes ressentent la peur de leurs aînés dès le plus jeune âge et sont le plus souvent contraints de l'absorber inconsciemment à cause de leur grande sensibilité et de leur empathie pour y faire face. Faute de pouvoir s'y soustraire, ils tentent de se réfugier dans leur insouciance et la refoulent le plus souvent pour ne pas ajouter à la charge émotionnelle des adultes accompagnants.
Bon nombre d'adultes agissent encore bien après l'adolescence dans la peur de décevoir et de faire de la peine à leurs proches ou à leurs amis en étant qui ils sont réellement. A force de faire de la politique avec soi-même dès le plus jeune âge, nous nous enfonçons dans nos personnalités un peu plus chaque jour, nous forgeant un être de survie depuis l'enfance au détriment de notre personne. L'enfant que nous étions est pourtant cette personne, libre de la personnalité qui veut surgir en nous pour nous conduire vers notre être essentiel intégralement libre.
" L'infans ", terme utilisé par Sándor Ferenczi, neurologue et psychanalyste désigne l'être qui n'a pas encore acquis le langage. Francisation du latin " infans, infantis ", désignant le très jeune enfant qui ne parle pas. Formé de "in"- préfixe négatif et du participe présent de " fari " qui signifie parler. Ainsi l'enfant est celui qui ne parle pas parce qu'il n'a pas encore acquis le langage et parce que même quand il l'a développé, on lui donne encore trop peu la parole au sens où il n'a pas vraiment son mot à dire. Ainsi, le droit d'expression est plutôt orienté vers le bien-pensant, une pensée relativement uniformisée. Dans nos sociétés modernes, le conformisme est encore très répandu car il apporte une forme de sécurité et d'appartenance au clan, à une nation, à une culture toute entière. Que se passerait-il si dès l'enfance il nous était permis d'être cette personne qui mâture, celle qui ne renie pas qui elle est ? Quels adultes deviendrions-nous alors ? Serions-nous dans notre autorité, celle qui autorise notre personne, cet enfant, à grandir libre en conscience ?
Une forme de subtile censure se fait de plus en plus sentir et ce même dans les sociétés les plus modernes. L'adulte n'a vraisemblablement pas encore la parole libre car il est englobé dans un système qui ne lui a pas appris à s'incarner en identité saine. Il n'a pas appris à parler de lui sans filtre car il n'a pas encore appris à faire l'étude de qui il est véritablement. Certains médias alternatifs en font l'expérience aujourd'hui. Il ne suffit pas d'avoir la parole et de savoir l'alambiquer pour parler librement. Personne n'est réellement libre tant qu'il n'est pas dans son autorité. Être dans son autorité c'est entre autre respecter sa personne avec intelligence, puis celle des autres également ou encore être en pleine capacité de parler en son nom propre sans émotivité, sans politiser sa parole au travers d'un discours policé et avec intégrité. Bien sûr tout cela est le fruit d'un réel travail sur son identité. En ces temps troublés, les adultes comme les adolescents ressentent naturellement leurs peurs remonter. Celle de contracter le virus, puis celle de perdre la liberté. Ils craignent la guerre, le pire, la mort. Aucun critère ou presque ne permet plus à l'instant critique de dissocier un adolescent apprenti menuisier de quatorze ans d'un menuisier adulte par exemple, tant les deux sont en proie aux mêmes angoisses existentielles au sein d'une société à laquelle ils contribuent tous deux au quotidien.
Voilà en quelques points et parmi d'autres ce qui réunit de plus en plus sur un même plan le jeune et l'adulte. L'enfant grandit, on le forme à devenir un adulte. Il est fort dommage de le déformer de sa personne, car il lui faudra bien du temps, de la volonté et beaucoup de courage pour la reconnecter plus tard si tant est qu'il y parvienne. L'étymologie du mot adulte: " adultus " qui signifie "qui a grandi, qui a atteint son plein développement " ne dit en rien s'il s'agit de grandir en conscience et d'ailleurs qui peut dire qu'il a fini de grandir, d'expanser, de se déployer au sens le plus noble du terme ? Enfin, si l'on s'en tient à l'étymologie du mot adolescent: " adolescere " qui signifie " qui grandit " et qu'on en fait une ultime analyse en comparaison, il est réjouissant de constater que l'adolescent est celui pour qui, au contraire rien n'est terminé, que son élévation se poursuit toujours et encore. Ainsi, pourquoi vouloir marquer un point final à cette évolution quand on sait que nous pouvons nous élever jusqu'à notre dernier souffle ? Ne serait-il pas plus juste de nous nommer "adulescent " terme qui serait finalement plus approprié car signifiant que nous serions en perpétuel mouvement de croissance, de reliance à notre être, après que, bien entendu, nous ayons déchargé de toutes connotations dépréciatives cette période extraordinairement riche et expansive, ouverte sur le champ des possibles qu'est l'adolescence ?
Adolescent ou adulte ? A l'heure actuelle la différence entre les deux statuts aux seins de nos sociétés modernes est loin d'être aussi évidente. La seule liberté est celle de notre intériorité. Aujourd'hui plus que jamais, le processus d'individualisation des jeunes est d'une importance capitale, car bien accompagnés dès lors, ils seront de jeunes adultes autonomes. Connaître la mécanique de ce processus accéléré par la crise, accepter de le vivre garantit de trouver l'équilibre, une stabilité plus grande y compris chez les adultes qui les accompagnent dans cette traversée. Ceux qui entendent l'appel de cet " ado intérieur " qui profite de ces profondes perturbations extérieures comme signal pour s'affranchir de leur personnalité et incarner enfin leur personne, trouveront la sécurité, la paix intérieure et seront réellement bien dans leur être. Ainsi l'adolescent et l'adulte d'aujourd'hui sont tous deux en quête de leur identité, cherchant à se dévoiler puis à se révéler, car au fond d'eux ils savent qu'il n'est jamais trop tard pour être qui l'on est et que le plus tôt est le mieux. Il existe des pédagogies du vivant qui peuvent étayer ce travail lorsque nous sommes prêts à tourner les capteurs vers notre intérieur. Les adolescents devraient pouvoir y avoir accès dès qu'ils ressentent en eux le désir profond, viscéral de savoir qui ils sont et c'est ce que leur propose La Pédagogie Bio-Logique©.
Les décennies à venir verront progressivement fusionner ces étapes de nos vies. Un temps où l'adulte sera un jeune affranchi de toutes ses peurs, en perpétuelle évolution, se libérant de la forme, cheminant vers la conscience de sa pleine autorité dans une société qu'il bâtira en toute intelligence le temps venu. Une société qui le respectera en tant qu'individu libre autant qu'il aimera la servir et la respecter à son tour.