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Accompagner et remédier à la dévalorisation cognitive chez les jeunes à prédominance neuro-droitière

Depuis plusieurs années, je reçois chaque semaine de nombreux adolescents qui témoignent d’un même mal‑être. Ils n’arrivent plus à apprendre, ils oublient vite et ils peinent à se concentrer plus de quelques minutes. Certains se disent nuls, d’autres pensent qu’ils sont paresseux et beaucoup finissent par croire qu’ils ne sont pas faits pour l’école. Dans la plupart des cas, ces jeunes présentent pourtant une grande vivacité intellectuelle et une sensibilité marquée. Ce qui entrave leur évolution, ce n’est pas leur intelligence, mais l’inadéquation du cadre dans lequel on leur demande de fonctionner. Ils perçoivent de nombreuses informations simultanément, ils analysent en continu et ils se retrouvent souvent envahis par des flux de pensées qui ne leur laissent aucun répit. Leur système attentionnel est saturé, ce qui ne signifie nullement qu’il soit déficient. Il est au contraire très actif, mais sollicité bien au‑delà de sa capacité naturelle de tri et de hiérarchisation. Ce phénomène n’est ni marginal ni exceptionnel, et il ne relève pas nécessairement d’un trouble. Pourtant, les étiquetages se multiplient. TDAH, anxiété scolaire, manque de motivation. La souffrance est bien réelle, mais l’explication proposée demeure souvent réductrice. Ce que j’observe au quotidien, c’est l’émergence d’un autre mode de fonctionnement cognitif. Ces jeunes ne sont pas uniquement cérébraux au sens classique du terme. Ils sont sensoriels, intuitifs et dotés d’une mémoire émotionnelle très développée. Leur configuration neuronale montre une dominance neuro‑droitière, mais leur hémisphère gauche n’est ni absent ni déficient. Il est simplement moins sollicité par le système éducatif et parfois insuffisamment entraîné. Ils ne fonctionnent pas encore selon ce que je nomme un cerveau rond, mais ils y tendent. Ils cherchent inconsciemment un équilibre, et aspirent à penser sans s’épuiser, à ressentir sans se dissoudre et à apprendre sans se heurter en permanence au mur de l’évaluation standardisée.

En tant que psychopédagogue évolutionnaire, je travaille à faire reconnaître cette dynamique émergente. Je m’appuie sur des outils qui permettent de relancer les fonctions cognitives sans contraindre l’enfant à entrer dans une norme inadaptée. J’explore également les liens entre les états émotionnels, les saturations sensorielles et la disponibilité mentale. Les neurosciences affectives et cognitives montrent aujourd’hui que l’intelligence ne se limite pas à la concentration linéaire, logique et séquentielle. Elle s’organise aussi à partir du corps, de la régulation émotionnelle et de la qualité de la relation que le sujet entretient avec lui‑même. Ces jeunes disposent très souvent d’un canal de réception particulièrement sensible. Leur corps émotionnel, parfois nommé corps astral dans une lecture intégrative de la psyché, est très actif et les rend extrêmement perméables à leur environnement. Cette intensité émotionnelle peut perturber leur ancrage et les rendre vulnérables dans des contextes scolaires fortement stimulants. Ils ne peuvent rester assis quarante minutes d’affilée sans entrer dans un état de veille neuro‑physiologique. Le cerveau a besoin de mouvement, de respiration et de micro‑relances corporelles pour maintenir une activité cognitive efficiente, ce que les travaux en neurobiologie de l’attention confirment aujourd’hui clairement.

Le système éducatif prend encore trop peu en compte ces réalités. Il continue de valoriser une attention stable, linéaire et prolongée. Il sanctionne l’agitation, mais interroge rarement les causes profondes de cette agitation. Il parle de distraction, alors qu’il s’agit le plus souvent d’une surcharge informationnelle qui demande à être régulée. Le système scolaire pousse ainsi ces jeunes à se croire déficients, alors qu’ils sont simplement sur‑sollicités et privés de toute possibilité de décharger ce trop‑plein de manière adaptée. Beaucoup finissent par exploser ou par se replier, et basculent alors dans l’épuisement, ce qui les conduit au décrochage, voire à une rupture partielle ou totale avec ce même système. Cette fracture est vécue comme une souffrance majeure, car le jeune se sent reconnu inapte, voire incapable de satisfaire aux critères d’éligibilité établis par une norme dominante qui continue d’associer la réussite à l’accumulation de contenus. Il est difficile d’imaginer la douleur psychique de ce citoyen en devenir, lorsqu’il mesure avec lucidité à quel point il est perçu comme dysfonctionnel dans la société qu’il devra pourtant intégrer.

Ici et là, on entend régulièrement incriminer les écrans. Il est certain que leur usage excessif accentue l’hyperconnectivité au champ électromagnétique et informationnel. Toutefois, cette donnée ne saurait constituer à elle seule une explication suffisante. Ce que nous observons aujourd’hui, c’est une mutation globale de la manière d’apprendre. Ce changement est à la fois neuronal, cognitif et vibratoire. Il engage la psyché dans l’ensemble de ses dimensions et appelle une approche bien plus fine que celle qui consiste à apposer une étiquette sur un profil. Tout bouge, tout change et tout évolue en permanence. Sortir des cases constitue précisément le mouvement auquel ces jeunes sont préparés. S’ils présentent des profils dits atypiques, c’est peut‑être pour nous rappeler combien la norme elle‑même est une construction fragile, et combien la diversité demeure la plus grande richesse du vivant. La nature, tout comme la vie, est fondée sur la variété et sur l’adaptation constante. Quand cesserons‑nous de vouloir corriger ce qui, par essence, est vivant et mouvant ?

La psychopédagogie évolutive est un courant de psychopédagogie que je fais évoluer à partir de mes compétences de pédagogue, d’enseignante, de formatrice et d’accompagnante psychoéducative depuis près de trente ans. Je travaille aujourd’hui à favoriser la reconnaissance de cette neurodiversité émergente, qui tend vers un profil rond, ou fonctionnement en cerveau total. J’ai créé la Pédagogie Bio‑Logique en 2017, au sein de mon laboratoire professionnel et personnel, comme fruit vivant de mon expertise de pédagogue. Cette pédagogie ne sépare pas l’intellect du corps, ni la pensée de l’émotion. Elle considère que chaque individu est traversé par des mémoires, des rythmes et des formes d’intelligence qui lui sont propres. Elle ne propose pas un modèle à imiter, mais une lecture fine de ce qui est déjà présent. Elle aide les jeunes, mais aussi les adultes en difficulté d’apprentissage, à activer leurs compétences endormies et à se délester de programmes inconscients limitants, puis leur redonne le goût d’apprendre à leur manière, en développant l’ensemble de leurs intelligences. À cette fin, elle mobilise les sphères corporelle, émotionnelle et vibratoire pour soutenir la cognition.

Dans un monde en profonde mutation où l’intelligence artificielle progresse à grande vitesse, il ne s’agit plus seulement de transmettre des contenus. Il devient essentiel de permettre à chacun d’activer l’ensemble de ses ressources. L’avenir ne se prépare pas en formant des cerveaux performants, mais en accompagnant l’émergence de consciences capables d’articuler intuition, discernement et engagement. Des êtres citoyens responsables, aptes à contribuer à une société renouvelée, fondée sur un écosystème respectueux des lois du vivant. Très prochainement, l’école ne pourra plus ignorer les jeunes à dominance neuro‑droitière. Elle devra cesser de les juger inaptes et apprendre à les écouter. En attendant cette évolution, les programmes de psychopédagogie évolutive dispensés par les psychopédagogues évolutionnaires formés au Centre OPBL de Nantes proposent des accompagnements sur mesure partoute en France. Ces dispositifs soutiennent les jeunes dans le développement de leur connectivité hémisphérique, tout en respectant leur individualité profonde. Nous savons fermement qu’ ils portent déjà en eux les prémices d’un autre rapport au savoir, plus incarné et résolument plus libre.

Le monde change et l’éducation aussi. Rejoignez‑nous si vous ressentez l’élan de participer à cette grande mouvance éducationnelle, au service du vivant, de l’intelligence incarnée et de l’évolution des consciences.

Sandrine Bauden, directrice de l’Observatoire, Centre de recherche et de Formation  en Psychopédagogie Evolutionnaire - OPBL – 44- Nantes.

 
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